Article de Libé (pas vraiment centriste)

Publié le par nouveaucentre11

Hervé Morin se rêve en Eva Joly du centre

Le président du NC ne ferme pas la porte à l'idée d'une primaire face au radical Jean-Louis Borloo, dans laquelle il espérerait créer la surprise. Mais l'option n'est guère reprise au sein de l'Alliance des centres.

 

Par LAURE EQUY

L'ancien ministre, président du Nouveau Centre Hervé Morin, le 27 janvier.

L'ancien ministre, président du Nouveau Centre Hervé Morin, le 27 janvier. (© AFP Miguel Medina)


Emballée, pliée, jouée d’avance, une candidature de Borloo pour représenter les centristes à la présidentielle? Pas si vite, veut croire Hervé Morin. Ce matin, sur RTL, le président du Nouveau centre a reconnu avoir eu une explication musclée avec les autres responsables de la confédération des centres qui le pressaient de renoncer à ses ambitions présidentielles. Et se veut encore, malgré la montée du radical Jean-Louis Borloo, «candidat à l’investiture» pour 2012.

Lors de ce dîner, le 26 mai, Jean-Marie Bockel (Gauche moderne) et Hervé de Charette (Convention démocrate) se trouvaient aussi autour de la table d’un restaurant parisien, dans le quartier de l’Assemblée nationale. Tous voulaient convaincre Morin d’admettre que Borloo est le mieux placé pour porter les couleurs de la toute nouvelle Alliance des centres (Ares).

L’ancien ministre de la Défense campe sur ses positions: «J’ai dit à Jean-Louis que le Nouveau centre décidera de son candidat à l’automne. [...] Je lui ai dit que, comme lui, j’étais candidat à l’investiture pour porter ce projet politique et qu’il nous appartiendra de déterminer les conditions intelligentes pour que nous mettions un peu nos egos de côté et que nous formions une équipe le moment venu», raconte-t-il sur RTL, confirmant une information de Paris Match sur ce fameux dîner. Morin aurait perdu son sang froid lorsque ses compères lui ont demandé s’il a «déjà dealé avec Sarkozy ou avec Bayrou».

«On s’est un peu engueulé mais ça n’est pas grave»

Mais il enjolive la prise de becs: «On s’est un peu engueulé mais ça n’est pas grave. Enfin il y a des hommes politiques qui se parlent, qui ont envie de construire quelque chose en commun et qui se disent les choses franchement!»

Qu’est-ce qui fait espérer Morin? Pas les sondages qui le classent derrière le président du Parti radical, autour de 7% pour Borloo quand Morin plafonne à 3%. Ni les autres piliers de l’Alliance des centres qui penchent pour l’ancien numéro deux du gouvernement. «Il n’est pas convaincu que Jean-Louis Borloo ira jusqu’au bout», croit savoir un cadre centriste. «C’est donc une manière de préempter à toutes fins utiles, de garder un levier au cas où Borloo se désisterait.»

A en croire Morin, la performance surprise d’Eva Joly qui a frôlé, contre toute attente, la qualification dès le premier tour de la primaire Europe Ecologie-les Verts, face au très médiatique Nicolas Hulot, lui a donné du baume au cœur. Et si l’outil primaire laissait sa chance à l’outsider, songe-t-il à haute voix: «Comme le font remarquer mes camarades (du NC), la victoire d’Eva Joly, qui n’était pas la championne des sondages, démontre qu’entre les sondages, la popularité et les primaires, il y a souvent une marge.»

De là à envisager une primaire au sein des composantes de l’ARES, Morin propose d’y «réfléchir tranquillement» d’ici septembre. Des parlementaires NC, dont le député Charles de Courson et le sénateur Jean-Léonce Dupond, plaident pour cette option, «démocratique et de bon sens». «Ce serait ridicule que les gens s’autodésignent, quelle serait alors leur légitimité?», argumente Courson, pour qui l’organisation d’un vote interne d’ici la fin de l’année ne pose guère de problèmes: «Faire voter 25.000 adhérents [aux quatre formations de l’Alliance, ndlr] ce n’est quand-même pas la mer à boire!»

Pour Jean-Marie Bockel, chargé de la commission des statuts, l’idée d’une primaire pour départager les leaders du Parti radical et du NC est «insensée». «Cela se prépare si l’on veut que ce soit sérieux», explique-t-il à Libération.fr. «Et puis nous sommes partis avec l’idée que Borloo y allait s’il le souhaitait: c’est lui qui a la plus forte image, les plus grandes chances de faire un bon score et il est dans l’état d’esprit de se présenter.»

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