JM Bockel dans la Confédération des Centres

Publié le par nouveaucentre11

article paru sur lepoint.fr

 

La Gauche moderne vient d'annoncer son adhésion à la confédération des centres, après le Nouveau Centre d'Hervé Morin, le Parti radical et la Convention démocrate d'Hervé de Charette. Jean-Marie Bockel, le président de ce petit parti de centre gauche, ancien ministre de Laurent Fabius, mais aussi de François Fillon, revient sur les raisons de son engagement au côté de Jean-Louis Borloo.

 

Le Point.fr : L'adhésion du Parti radical le 15 mai à la confédération des centres a été éclipsée par l'affaire DSK. En quoi la disparition du favori socialiste de la liste des candidats à la présidentielle change-t-elle la donne ?


Jean-Marie Bockel : Le retrait de DSK de la compétition crée un espace politique en général. Au Parti socialiste, bien sûr, mais aussi au centre gauche. Cela agrandit également l'espace possible pour Jean-Louis Borloo, de par son style, sa personnalité, son parcours... Un espace que les candidats classiques du PS, Hollande ou Aubry, n'occuperont jamais. DSK incarnait une ligne politique moderne de centre gauche, même s'il ne l'a pas totalement assumée, ce qui, selon moi, lui a valu d'être battu en 2007 par Ségolène Royal.

 

Certains observateurs estiment que le retrait de DSK pourrait surtout favoriser des candidats qui incarnent l'anti-bling-bling, tels que François Hollande, mais aussi François Bayrou...


Mais Bayrou n'est pas un berger basque non plus ! Je ne nie pas qu'il y ait un espace politique pour François Bayrou, bien qu'il n'ait pas su exploiter sa percée de 2007. En effet, il y a sans doute des électeurs qui étaient prêts à voter pour DSK, et qui, aujourd'hui, ne se voient voter ni pour des candidats "classiques" du PS ni pour un candidat de la majorité.

 

L'espace que DSK a libéré va se partager entre plusieurs candidats. Pourquoi, en tant qu'ancien socialiste et alors que vous gardez toujours "une sensibilité de gauche", tenez-vous à rester dans une alliance avec la majorité, contrairement à Jean Arthuis?


Je respecte Jean Arthuis et j'approuve son idée de dire qu'il serait bon de faire une alliance avec Bayrou, et je dis pourquoi pas avec Villepin, d'ailleurs. Mais il faut être clair et dire où on se situe. Samedi, c'est le dernier acte de la création de la confédération des centres, qui, contrairement à ce qui a été dit, n'est pas simplement une réédition de l'UDF. Elle va fédérer différentes sensibilités, comme celle d'Hervé de Charrette par exemple, qui incarne le centre droit, et la mienne, qui est de centre gauche. Nous nous retrouvons autour de valeurs communes, comme celle du refus d'un parti unique. Bayrou, par opposition, c'est le "splendide isolement". Pour moi, la seule alternative qu'il a, c'est de rejoindre soit la majorité soit le Parti socialiste, que je connais très bien, et qui n'a pas changé. On ne peut pas prendre notre indépendance et se bercer de l'illusion qu'on va gouverner seul... À partir de là, ça sera à Jean Arthuis de se positionner par rapport à nous.

 

Mais François Bayrou n'était pas si loin d'accéder au second tour en 2007...

 

Oui, mais il y a un monde entre être "pas loin" et être réellement au pouvoir. À La Gauche moderne, ce dont nous rêvons, c'est d'une grande coalition, avec des personnalités de droite, de gauche, du centre... Si nous l'avions faite en 2007, nous aurions pu peser davantage sur un certain nombre de réformes. Mais pour ma part, j'assume le bilan de la majorité à laquelle j'appartiens. Je considère qu'en 2007 le pays s'enfonçait dans le déclin. Depuis, de bonnes décisions ont été prises. Il y a eu une dynamique. Certes, il y a eu la "droitisation" du gouvernement et la fin de l'ouverture. Mais la France s'est illustrée par sa gestion de la crise. Ce que nous voulons, c'est retrouver cet esprit de 2007. On ne veut pas perdre ce souffle de modernisation. Voilà le sens de notre engagement.

 

Pensez-vous que Borloo doit accélérer son processus de candidature, comme Hervé de Charette?

 

Non, je fais partie de ceux qui pensent que Jean-Louis Borloo doit s'engager, plus précisément, dans son processus de détermination. L'annonce en elle-même est une question secondaire. Chaque jour, il semble plus déterminé. Mais ce n'est pas simple, il n'est pas tout seul. Ce n'est pas anodin comme engagement. À partir du moment où lui-même sera complètement convaincu que cette perspective est possible, ça va se voir. Quand on fait partie des "poids lourds" comme lui, il faut se rendre compte que s'ils y vont, ça change leur vie ! Et puis, comme dit le président de la République, "un an, c'est long". Jean-Louis Borloo devra-t-il, selon vous, renoncer à une candidature si Marine Le Pen continue sa poussée dans les sondages ? À chaque jour suffit sa peine. Tout le monde a à l'esprit le risque d'un 21 avril, c'est sûr, mais on ne va pas se paralyser à cause de ça. La majorité a d'autres raisons de perdre. D'autre part, les sondages montrent que beaucoup d'électeurs ne sont pas encore déterminés. Alors, ne nous rendons pas prisonniers du raisonnement C'est ça ou le chaos.

Propos recueillis par Pauline de Saint Remy

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