L'ambiance du pays est désenchantée

Publié le par nouveaucentre11

Le Monde

« Jean-Louis Borloo, qui a laissé entendre mardi 12 février qu’il ne serait pas candidat à Paris pour les municipales de 2014, mène une offensive contre le projet budgétaire européen, sur lequel il demande un débat au Parlement, dans une lettre adressée à François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Le président de l’UDI s’inquiète aussi des tensions sociales, estimant que « l’ambiance dans le pays est désenchantée ». S’il « ne votera pas contre » la transcription de l’accord sur l’emploi négocié entre partenaires sociaux, il dit comprendre l’attitude critique de certains syndicats.

L’exécutif est confronté à des mouvements sociaux. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Jean-Louis Borloo : Ce qui m’inquiète, c’est l’incompréhension qui peut se transformer en colère. Il y a une succession de couacs. Aujourd’hui, la France est désemparée. Il y a un écart entre les promesses et ce qu’il se passe. Par exemple : le traité européen, qualifié de « traité d’austérité », dont on promettait la renégociation ; le plan de relance européenne de 120 milliards annoncés et qui n’existe pas ; la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires ; les déclarations sur PSA ; la cacophonie autour du dossier Florange…

Les Français pensaient qu’il allait y avoir de la relance et de la croissance, mais ils ne voient ni de plan de relance ni réorientation de l’Europe vers la croissance. Bien au contraire, on se retrouve avec le plus grand projet d’austérité de l’histoire européenne. Je crains que cette France un peu désemparée évolue vers l’incompréhension puis la colère.

Vous qualifiez le projet de budget européen de « plus grand projet d’austérité de l’histoire européenne ». François Hollande n’a pas su faire entendre la voix de la France ?

Dire que l’on allait renégocier un traité si dur à mettre au point a fait perdre de la crédibilité à la France. C’était incompréhensible pour les européens. En tout état de cause, ce budget d’austérité va participer au désenchantement européen.

Le Parlement européen doit-il voter contre cet accord ?

C’est de leur responsabilité. Si ce n’est pas adopté, on reviendrait à la maquette antérieure. Il faut vraiment peser le pour et le contre. Avec François Zocchetto, le président du groupe UDI-Union centriste au Sénat, nous avons écrit au président de la République et au premier ministre pour que le gouvernement inscrive à l’ordre du jour du Parlement un débat sur le projet de budget européen qui nous engage pour sept ans. Il faut qu’il y ait un débat devant les Français. Cela ne peut pas se traiter par une conférence de presse. Cela nous engage sur la vision du projet européen.

Craignez-vous un renforcement de la contestation sociale ?

Je ne le souhaite pas, mais ce n’est pas exclu. Pour l’instant, c’est canalisé par les organisations syndicales, qui haussent aussi le ton parce qu’elles sentent bien que dans le tissu profond du pays, il y a cette incompréhension.

L’ambiance dans le pays est désenchantée. Une étincelle, un abcès de fixation, peut déclencher des choses. Il peut y avoir des fixations de colère. On ne sait jamais si l’on est dans le calme qui précède la tempête ou dans la situation normale d’un gouvernement qui agit dans une période délicate.

Selon vous, François Hollande et le gouvernement ont menti ou se sont-ils trop avancés trop vite ? Ce sont deux choses différentes…

Sur la renégociation du traité européen, c’était un mensonge. Comme le plan de relance de 120 milliards.

Les Français se sentent trompés ?

Cela ne me réjouit pas, je ne veux pas être un oiseau de mauvaise augure, mais il y a une petite musique. On entend dans la bouche de certains syndicalistes de bonne foi le mot de « trahison »…

Voterez-vous la retranscription de l’accord sur l’emploi ?

On ne votera pas contre, c’est la seule certitude. Nous attendons le texte. La méthode nous convient. Globalement, cela va plutôt dans le bon sens, c’est très difficile de boucler de tels accords.

Comprenez vous que certains syndicats le rejettent ?

Oui, je le comprends parce que c’est un élément de plus qui converge vers le sentiment de « trop c’est trop ». C’est la goutte d’eau.«

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